Cyril Fiévet.

Dans mon journal.

Cauchemar viral

"Finalement, des savants inventaient un vaccin contre le virus. C'était une prouesse, réalisée en quelques mois au lieu de nombreuses années d'habitude. Mais la majorité des gens n'en voulaient pas".


J’ai fait un cauchemar terrible et absurde l’autre nuit.

Ca commençait en Chine avec une chauve-souris malade, qui mordait un pangolin, qui était mangé par un homme. Celui-ci contaminait ensuite toutes la planète et tuait 1,5 millions de personnes.

Du coup, les gens étaient tristes et de mauvaise humeur. Ils avaient peur et ne parlaient plus que du virus. Tout le monde devenait expert en virologie et en épidémiologie, à commencer par les politologues et les critiques littéraires. D’ailleurs, moins on connaissait le sujet, plus on avait le droit d’en parler sur les plateaux TV et sur Internet.

Certains décidaient que c’était une bonne occasion de revenir au Moyen-âge. On voulait interdire les avions, empêcher la circulation des voitures, fermer les centrales nucléaires. On annonçait vouloir limiter Internet et ne plus moderniser les réseaux mobiles, tout en s’insurgeant contre le commerce en ligne. On préconisait aussi de revenir au cheval de trait dans les champs, de construire les maisons en paille et de tout transporter en vélos, à commencer par les cailloux. Et, sans que personne ne comprenne le lien de cause à effet, certains étaient persuadés que le virus provenait du réchauffement de la planète et qu’il marquait “la fin du capitalisme”, voire “la fin de l’ancien monde”.

D’autres pleuraient tous les jours parce qu’ils ne pouvaient plus travailler ou aller à l’église. Dans certains pays, les gouvernements créaient artificiellement des milliards de dollars et d’euros, et les distribuaient allègrement. Mais les gens pleuraient quand même. Beaucoup souffraient de ne plus pouvoir acheter des sapins de Noël ou des chaussettes. L’immense majorité des gens étaient gravement déprimés de ne plus pouvoir aller skier en Suisse.

Quelques-uns décidaient que le moment était propice pour mettre les villes en feu. On cassait les vitrines et les distributeurs de banques, on dévastait les rues, on brûlait voitures et commerces. Tout cela sans raison, juste pour le plaisir de se filmer en train de le faire.

En somme, le monde devenait fou. Les gens étaient perdus et désemparés. Des artistes éclairés recommandaient d’ailleurs d’enlacer des arbres et de leur parler, pour leur dire notre désarroi à voix haute.

Le virus, lui, continuait sa route. Il infectait les animaux et on devait même en exterminer des millions, notamment des visons, tout à coup très solidaires de la cause pangoline. Le virus tuait aussi 12000 personnes chaque jour. Mais pour beaucoup de commentateurs politiques, le pire était tout de même de ne plus pouvoir aller au théâtre.

Finalement, des savants inventaient un vaccin contre le virus. C’était une prouesse, réalisée en quelques mois au lieu de nombreuses années d’habitude. Mais la majorité des gens n’en voulaient pas. Beaucoup étaient convaincus que c’était là l’aboutissement d’une conspiration mondiale, puisque le virus avait été créé de toutes pièces en Chine et à l’Institut Pasteur. Ils assuraient aussi que le vaccin allait modifier notre ADN ou qu’il abritait de dangereuses puces électroniques, connectées en 5G aux satellites et destinées à enrichir Bill Gates.

Là, je me suis réveillé. Quel rêve idiot ! Heureusement, tout ça était juste un cauchemar.

Bonne année 2021.


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