"On se noie dans les argumentaires idéologiques, au détriment des faits et de ce qui importe vraiment".
Une des conséquences tragiques du simplisme ambiant, de la politisation de tous les sujets et de “l’idéologisation de tout” est de transformer le débat public, la réflexion, ou la simple expression d’une opinion, en batailles partisanes.
Il faut être “pour ou contre Didier Raoult”, “pour ou contre les vaccins”, “pour ou contre la police”, “pour ou contre Amazon”, “pour ou contre la 5G”, “pour ou contre Bitcoin”. Il faut en permanence choisir un camp et, une fois que c’est fait, nécessairement attaquer l’autre camp. Le “ça dépend” a disparu, au profit d’une certitude affirmée avec force et virulence, dans une surenchère de mots qui perdent peu à peu tout leur sens.
Ainsi, si l’on est favorable au nucléaire, il faut “forcément” être contre le solaire ou l’éolien. Si l’on considère le solaire comme une voie d’avenir, on est “forcément” contre le nucléaire. Et la logique se décline à l’infini, même quand on descend d’un cran. Dans l’univers crypto, si l’on est favorable à Bitcoin, on est “forcément” contre Ethereum (2e crypto-monnaie mondiale), et inversement. On a même réussi à opposer deux camps, entre ceux qui jugent la “technologie blockchain” prometteuse, et ceux qui estiment que seules comptent les crypto-monnaies (qui, toutes, fonctionnent sur une blockchain).
Tout cela est infantile, peu constructif et nuisible. Seule la posture compte. Le doute, la subtilité et la nuance disparaissent. On se repaît de fausses polémiques, on se gargarise de joutes verbales. On se noie dans les argumentaires idéologiques, au détriment des faits et de ce qui importe vraiment. Et tout cela masque la réalité et la multiplicité des solutions aux problèmes.
Il faut lutter contre un clivage systématique et artificiel qui affaiblit le débat et nuit à la compréhension de la complexité de ce monde.
Cyril Fiévet